Vers une Pensée Politique Africaine

Toute personne de bonne volonté et de bonne intention reconnaitrait aisément que l’on ne perd rien à maintenir l’état de paix précaire actuelle en Cote d’Ivoire, à faire preuve de patience et à rechercher les voies du dialogue pour gérer la présente crise ivoirienne. L’attitude de la Communauté Internationale déterminée par la France, les Etats-Unis et les Nations-Unies ne se justifie pas surtout quand on sait qu’ils ont pris position sur la base des chiffres de la Commission Electorale Indépendante (CEI) ivoirienne qui, de toute évidence, sont douteux.

En effet, les chiffres proclamés par la CEI font état de 81% de taux de participation au deuxième tour des élections contre 83% au premier, alors que l’expérience sur le terrain à montrer qu’il y avait une forte baisse du taux de participation. Et il est effarent de voir combien cette discordance entre les données du terrain et les résultats de la CEI, d’une part, les conditions déplorables et graves dans lesquelles les élections se sont déroulées dans certains départements, d’autre part, ne font l’objet d’aucune considération.

En tout état de cause, la société ivoirienne très divisée et meurtrie par cette crise de trop gagnerait plus à voir cette crise post électorale trouver une issue pacifique plutôt que l’usage de la force comme prônent le premier ministre du gouvernement Ouattara, Mr Guillaume Soro ainsi que certains leaders de la communauté internationale. Faire partir Gbagbo par les armes alors que nombreux ivoiriens sont convaincus que les resultats de la CEI sont faux apparaitra comme une grande injustice et suscitera une revolte.

Je pense donc qu’il faut geler les positions à cette étape et ne pas déclencher une logique de guerre, fut-elle de libération d’une dictature. Le résultat sera indubitablement au-delà des attentes et calculs et beaucoup plus dramatique que l’on peut l’imaginer. Il faut à tout prix éviter un bain de sang, pour peu que l’on soit sage ou sensé. Dieu sait combien nombreux sont ceux qui sont tentés de faire usage de la force à des fins inavouées.

Il faut geler les positions et rechercher les conditions d’une sortie pacifique de la crise. Il y a deux possibilités à ce niveau : 1) soit purifier et consolider les résultats du deuxième tour dans le respect des dispositions établies par le code électoral ivoirien, cela dans des conditions de transparence et satisfaisantes pour les deux partis en cause ; 2) soit annuler les résultats des élections du deuxième tour et mettre en place un mécanisme pour gérer de nouvelles élections en tenant compte des failles du système et des leçons apprises de la présente expérience. Ces nouvelles élections pourraient même se tenir dans un an, s’il le faut. Mais, comme le prévoit la Constitution ivoirienne, le président serait maintenu. Les deux protagonistes pourraient alors s’accorder sur le type de gouvernement à mettre en place pour gérer cette période de transition.

Somme toute, en dépit des blocages et de l’extrémisme des positions antagonistes, la meilleure solution à la crise ivoirienne demeure une solution autant que possible pacifique et négociée. Il n’y a pas de raisons objectives de précipiter les choses, surtout que des sanctions ont été prises.

M. M.

Je trouve bien et riche de sens la déclaration du Ministre angolais des Affaires Etrangères rapportées ci-dessous.

news.abidjan.net/h/384357.html">http://news.abidjan.net/h/384357.html

Côte d’Ivoire: L’Angola prône la "non ingérence" internationale

L’Angola prône une politique de "non ingérence de la communauté internationale dans les divergences électorales en Côte d`Ivoire", a déclaré mercredi, le ministre angolais des Affaires étrangères Jorge Chicote, au cours d`une visite à Bissau. "L`Angola a une position qui est le respect des institutions de la République de Côte d`Ivoire, la non ingérence extérieure et l`adoption d`une posture qui éviterait un bain de sang en Côte d`Ivoire", a souligné le chef de la diplomatie angolaise, à sa sortie d`une audience avec le Président bissau-guinéen Malam Bacai Sanha. Depuis la présidentielle du 28 novembre, la Côte d`Ivoire traverse une grave crise qui a fait ces derniers jours au moins 50 morts selon l`Onu. Alassane Ouattara avait été désigné vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale, mais le Conseil constitutionnel avait par la suite proclamé la victoire du Président ivoirien sortant Laurent Gbagbo. "Il faut tenir compte du fait qu`il y a une communauté (ivoirienne, ndlr) divisée sur les résultats des élections. La communauté internationale doit tenir compte de cela pour permettre qu`il y ait une ambiance de paix et non maintenir une posture radicale", a estimé le ministre angolais. "Prendre des positions extrêmes peut rendre plus difficiles les possibilités de paix dans ce pays", a-t-il dit. 

Afp