Vers une Pensée Politique Africaine

On parle d'enlèvement de personnes des les zones pro-Ouattara. Je me pose deux questions: 1) quand on voit comment les partisans de Ouattara ont fait obstacle à l'opération militaire il y a quelques jours avec à la solde la mort de quelques militaires, peut-on vraiment croire à un enlèvement, fut-il nocturne, dans une zone comme Abobo? Ces portés-disparus officiels n’ont-ils pas tout simplement rejoints officieusement les Forces Nouvelles (pour ne pas dire une rébellion en gestation) ? En tout cas, avec le parti pris des Nations Unies et le mécanisme d’information mis en place, on n’est pas loin d’enregistrer toutes sortes de dénonciations fantaisistes pour nuire à l’ennemi et susciter une réponse militaire de l’extérieur.

En tout état de cause, au-delà de tous les calculs politico-politiciennes, tant du camp Gbagbo que du camp Ouattara, il faut résoudre cette crise en privilégiant les moyens pacifiques qui préserveraient la vie des ivoiriens, fut-ils pro-Ouattara ou pro-Gbagbo. Et je persiste à croire que le moyen le plus pacifique à portée de tous, y compris de la Communauté Internationale, c’est de faire la vérité sur ces élections en procédant au recomptage. S’il faut prendre six mois pour préserver la paix et la vie des paisibles citoyens de la Cote d’Ivoire, cela vaut tout à fait la peine. La Communauté Internationale a les moyens et aura la bénédiction si ce recomptage révèle effectivement que c’est bien Ouattara le vainqueur et que Gbagbo persisterait à se maintenir au pouvoir.

En tout état de cause, il serait dommage de recourir à la force et de placer Ouattara et de découvrir après que de fait le verdict des urnes purgées des faits sanctionnés par la Loi électorale ivoirienne est plutôt en faveur de Gbagbo. Il y a ce proverbe africain (moderne) par Koffi Olomidé qui dit : « Le mensonge vient par l’ascenseur et la vérité par les escaliers. » Ce serait tout simplement une injustice, une injustice aggravée du fait des victimes, que si la Communauté Internationale mette la main à la gâchette sans vouloir faire la vérité. L’histoire ne justifierait jamais cela.

Pour finir, au nom du caractère sacré de la vie, au nom d’une valeur précieuse mais fragile comme un œuf qui requiert prudence et attention qu’est la paix, faisant place la négociation. Il est hautement souhaitable que la Communauté Internationale qui a déjà trop fait daigne sans réellement garantir une concorde nationale future, puisse s’abstenir de ses agitations et donner la chance au peuple ivoirien d’envisager et d’emprunter une voie plus pacifique pour ce grave problème qui divise fortement le pays. Qu’une médiation nationale impliquant chefs traditionnels et société civile puisse prendre le relais pour trouver une solution de sortie de crise.

M. M. pour la paix à tout prix